Une des lauréates du concours inaugural Robbins-Ollivier d’excellence en matière d'équité aidera les étudiantes et étudiants autochtones à occuper une plus grande place dans le domaine des sciences à l’Université de Winnipeg


Date de publication : 2023-08-29 11:45:00


Dès son enfance, Gracie Grift savait qu’elle était habitée d’une curiosité naturelle, un don qui allait la guider sur le chemin de la vie.

« Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours intéressée à la science, à la recherche et à la médecine. Les peuples autochtones ont toujours été des scientifiques. Il y a un niveau de connaissances ancestrales que nous avons toutes et tous en nous », se souvient Gracie Grift, 21 ans, qui a grandi dans le quartier nord de Winnipeg.

Malgré cette passion, en tant que jeune femme autochtone, Mme Grift avait encore du mal à envisager une vie dans le monde universitaire.

« Je viens de la province du Manitoba, où 18 p. 100 de la population est Autochtone, mais je n’ai jamais eu d’enseignante ou enseignant ou de professeure ou professeur autochtone. Personne ne m’a guidée dans cette voie. C’est décourageant. Je me suis souvent demandé : Quand allons-nous percer dans ce monde? ».

C'est alors qu’elle a vu une publicité du programme Pathways de l’Université Winnipeg. Ce programme met en relation des étudiantes et étudiants autochtones avec des professeures et professeurs et des mentors dans les domaines des sciences naturelles et du génie, à différents stades de leur carrière universitaire. Il offre aux étudiantes et étudiants la possibilité d’améliorer leurs compétences universitaires et d’acquérir une expérience de la recherche en travaillant très tôt dans des laboratoires afin de développer leur amour de la science et de la recherche. Le programme s’efforce également d’éliminer les obstacles à la réussite en prenant en charge les frais de garde d’enfants, de logement, d’accès à l’internet et de transport, le cas échéant. L’objectif est de compter un plus grand nombre d’Autochtones occuper des postes de direction dans les domaines de la science, de la recherche et de l’enseignement.

« Nous espérons augmenter le taux de rétention des étudiantes et étudiants autochtones, qui reste actuellement inférieur à celui des étudiantes et étudiants non-autochtones », explique Mme Casson, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les facteurs environnementaux influant sur la qualité de l’eau, professeure agrégée à l’Université Winnipeg et coresponsable du programme Pathways.

« Ce programme investit dans les étudiantes et étudiants autochtones et leur offre des possibilités à un moment où un soutien additionnel peut faire une grande différence. En leur proposant cette expérience de recherche au début de leurs études universitaires, en les mettant en contact avec d’autres étudiantes et étudiants autochtones ayant des intérêts similaires, nous pouvons vraiment les aider à réaliser leurs objectifs dans le domaine des sciences », ajoute-t-elle.

Mme Casson affirme que depuis sa création en 2019, la série de programmes a connu un énorme succès, aidant des dizaines d’étudiantes et étudiants autochtones. Pourtant, son équipe sait qu’elle pourrait faire plus.

« Nous avons géré ces programmes avec un financement disparate. Nous avons dû rassembler toutes les pièces du puzzle et jongler avec plusieurs éléments pour les faire fonctionner ».

Le programme Pathways de l’Université Winnipeg est l’un des trois projets d’établissements canadiens à recevoir l’un des prix du concours inaugural Robbins-Ollivier d’excellence en matière d’équité. Ce prix, financé par le Programme des chaires de recherche du Canada, est une initiative des trois organismes suivants : les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines.

Ce prix inaugural d'excellence en matière d'équité récompense les projets novateurs qui remettent en cause le statu quo et s'attaquent aux obstacles systémiques dans l'écosystème de la recherche. Le prix porte le nom de huit universitaires canadiens : Marjorie Griffin Cohen, Louise Forsyth, Glenis Joyce, Audrey Kobayashi, Shree Mulay, Susan Prentice, feu Michèle Ollivier et feu Wendy Robbins, qui ont passé près de vingt ans à lutter pour accroître l'équité au sein du PCRC.

"Le prix Robbins-Ollivier pour l'excellence en matière d'équité félicite le programme Pathways pour avoir doté les étudiants autochtones de mentors de confiance dans le domaine des sciences. Ce prix a été créé pour célébrer les contributions remarquables visant à combler les lacunes en matière d'équité dans les universités canadiennes. Le programme Pathways illustre l'importance de soutenir les étudiants autochtones tout au long de leur parcours universitaire dans l'espoir de leur offrir un avenir plus brillant et plus prospère", déclare Valérie Laflamme, vice-présidente associée du Secrétariat des programmes institutionnels des trois agences.

Cette importante subvention unique de 100 000 dollars permettra à l'équipe de l'Université de Winnipeg de lancer un cours de base dans le cadre de la série de programmes Pathways. Intitulé Indigenous Leaders in Science (ILS), ce cours vise à fournir des compétences en matière de leadership et de mentorat aux étudiants de premier et de deuxième cycle, en les formant pour qu'ils deviennent des modèles pour les étudiants autochtones plus jeunes.

"Je pense que notre projet va changer la donne", affirme M. Casson. "Si nous pouvons aider les étudiants autochtones à s'orienter vers une carrière scientifique et les prendre au moment où ils sont sur le point de décoller, c'est alors que nous pourrons les voir s'envoler.

Actuellement en troisième année de biologie à l'Université de Winnipeg, Grift prévoit de rejoindre l'ILS et de devenir un mentor pour d'autres jeunes étudiants autochtones. Elle estime que le programme Pathways a changé sa vie et qu'il lui a permis de s'engager sur la voie de la médecine.

"Le programme Pathways m'a ouvert les portes de la recherche", ajoute-t-elle. "Je travaille comme assistante de recherche dans un laboratoire de physiologie respiratoire. Je suis très enthousiaste à l'idée de pouvoir encadrer de jeunes étudiants et de les aider à faire carrière dans les sciences, comme je l'ai fait."